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Le Derviche

06/10/2024
Vibrer !


Bahaudin, grand maître soufi derviche se rendait dans une ville voisine avec ses disciples. Lui et ses hommes avaient voyagé toute la journée à travers les montagnes. Lorsque la nuit tomba ils étaient bientôt arrivés aux portes de la ville. C'est alors qu' ils croisèrent un confrère derviche, errant aux abords d'une rivière.

Bahaudin, qui était entouré de ses disciples, demanda au vagabond, à la façon usuelle des soufis, d’où il venait.

Le vagabond, avec un sourire niais, répondit :

"Je n’en ai pas la moindre idée". 

Plusieurs des disciples de Bahaudin murmurèrent leur désapprobation pour ce manque de respect envers leur maître. Impassible, le maître continua :

"Où allez-vous ?"

Le derviche, criant presque, lui répondit du tac au tac :

"Je ne sais pas".

Un silence régnait désormais et Bahaudin reprit :

"Qu’est-ce le Bien ?"

"Je ne sais pas", répondit le vagabond

"Qu’est-ce que le Mal ?" continua Bahaudin.

"Je n’en ai pas la plus petite idée", répliqua le vagabond.

"Qu’est-ce qui est juste ?" demanda Bahaudin.

"Tout ce qui est bon pour moi", répliqua le vagabond.

"Qu’est-ce qui est injuste ?" demanda encore Bahaudin.

"Tout ce qui est mauvais pour moi", dit le vagabond.

Les disciples, irrités de la frivolité des réponses du vagabond, commencèrent à lui jeter des pierres pour le chasser. Le vagabon partit, marchant résolument dans une direction qui ne menait nulle part.

Voyant cela, Bahaudin se tourna vers ses adeptes et leur dit,

"Imbéciles, cet homme est en train de jouer le rôle de l’humanité. Pendant que vous étiez là à le mépriser, il vous montrait clairement l’inconséquence dont vous faites tous preuve, tous les jours, sans vous en rendre compte."

👲

Avons-nous, au fond, d'autres réponses que celles de ce derviche ? Quelle morale tirer de cette histoire selon toi ?


​Ce conte « Bahaudin et le vagabond » est tiré de  ‘La Sagesse des idiots’ un recueil de  Idries Shah, un maître soufi.
"Hier, j'étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd'hui, je suis sage et je me change moi-même." -Rûmî
Darial Gorge, 1862 - Ivan Aivazovsky

 


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